Les attributs du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle

histoire et symboles du bourdon, de la coquille, de la citrouille et de la croix

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A quoi reconnaitre un pèlerin de Saint-Jacques ?

Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est une expérience unique qui a traversé les âges, attirant des millions de personnes depuis le début du Moyen Âge. Dans cet article, nous partirons à la découverte des origines, des symboles et de la philosophie derrière ce voyage sacré, en mettant l'accent sur la figure emblématique du pèlerin avec son bourdon, sa coquille, la citrouille et la croix de Saint-Jacques.

Les origines du pèlerin de Compostelle

La figure du pèlerin de Compostelle

Le pèlerin médiéval était un personnage reconnaissable grâce à ses attributs spécifiques, notamment son bourdon, sa coquille Saint-Jacques, sa citrouille et sa croix de Saint-Jacques. Ces objets étaient portés par les marcheurs pour montrer leur dévotion à saint Jacques, ainsi que pour bénéficier d'une protection divine lors de leur long périple vers le sanctuaire situé à Compostelle, en Espagne. Le terme "Jacquet" désigne les pèlerins ayant entrepris ce voyage.

Le voyage sacré vers Saint-Jacques-de-Compostelle

Au cours du Moyen Âge, le pèlerinage de Compostelle devint l'un des plus importants voyages chrétiens après ceux de Rome et Jérusalem. La légende raconte que les restes de saint Jacques furent découverts dans un champ étoilé (Campus Stellae, d'où le nom Compostelle) au début du IXe siècle. Depuis lors, les pèlerins ont emprunté divers chemins à travers l'Europe pour se rendre sur le lieu sacré de la tombe du saint.

Les circonstances historiques du pèlerinage

Le pèlerinage de Compostelle connut son apogée entre les XIe et XIIIe siècles, période où l'église encourageait fortement ces voyages pour renforcer la foi chrétienne face à l'Islam en Espagne. De plus, un certificat appelé "Compostela" était délivré aux pèlerins ayant accompli leur voyage, offrant des indulgences et une rémission temporaire des péchés.

Les symboles du pèlerin de Saint-Jacques

Les vêtements :

Au moyen-âge, on pouvait reconnaitre facilement un pèlerin à sa façon de s'habiller. Ils étaient généralement pourvus d'une tunique plus ou moins longue (appellée cotte), par-dessus laquelle ils portaient un surcot (fait dans une étoffe plus grossière).

Cette tenue était complétée par un chapeau de forme conique. Au fil du temps, les formes du chapeau de pèlerin se sont arrondies, avec de larges bords rabattu par le devant.

Au 15ème siècle, la pèlerine remplace peu à peu le surcot. La pèlerine est une grande cape qui enveloppe le marcheur jusqu’aux chevilles. Aujourd'hui en matière synthétique, elle est encore couramment utilisée par les pèlerins de compostelle pour se protéger de la pluie. 

Pour transporter sa nourriture, le pèlerin des siècle derniers n'avait pas de sac à dos, mais une simple besace dans laquelle il transportait de quoi se nourrir. 

Ils avaient aussi avec eux des certificats : ces autorisations, sauf-conduits, lettres de recommandation, passeports et autres billets de confession leur permettait de passer sans trop de difficultés les contrôles policiers ou douaniers. Aujourd'hui, la tradition se perpétue par l’usage de la credencial (le passeport du pèlerin) qui facilite l’hébergement et constitue un souvenir très apprécié de ce pèlerinage.

Le Bourdon

Le bourdon est un bâton de marche caractéristique des pèlerins médiévaux. Quand on observe les reliques, Saint-Jacques est toujours représenté avec un bâton à ses côtés. Cet objet devint donc le principal objet des pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle.

Un véritable bourdon du pèlerin est fabriqué en deux parties : Il y a le pommeau (la poignée) qui est composé de deux boules en bois situées à chaque extrémité de la poignée : l'une sur laquelle le pèlerin pose sa main lorsqu'il marche, l'autre pour bénéficier d'un bon appui lorsqu'il veut se poser. La seconde partie, le fût – c'est-à-dire le bâton - 

Il possède généralement un pommeau (la poignée) qui est composé de deux boules en bois situées à chaque extrémité de la poignée. La deuxième partie le bâton en lui même (appellé aussi le fût) est équipée à son extrémité , d'une pointe.

Le bourdon servait non seulement d'aide à la marche sur les longues distances, mais aussi de protection contre les dangers rencontrés sur les chemins, tels que les animaux sauvages ou les brigands.

La Coquille Saint-Jacques :

La coquille Saint-Jacques est sans doute le symbole le plus célèbre associé au pèlerinage de Compostelle. Elle représenterait les différents chemins qui convergent vers le sanctuaire de saint Jacques et symbolise également la protection divine accordée aux pèlerins. Les marcheurs avaient coutume de porter la coquille sur leur chapeau, accrochée à leur bourdon ou directement sur leur cape. C'était une façon de montrer leur appartenance au pèlerinage. La coquille pouvait également servir de récipient pour boire ou manger.

Au fil des siècles elle est devenue l’emblème du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle.

La Citrouille : 

La citrouille est un autre attribut du pèlerin, moins connu que la coquille, mais tout aussi important. Il s'agit en réalité d'une callebasse utilisée comme gourde pour transporter de l'eau lors du voyage. Ce symbole fait référence à la légende selon laquelle saint Jacques utilisa une citrouille pour recueillir l'eau miraculeuse jaillissant d'une source, guérissant ainsi les malades venus le voir. Elle était parfois accrochée au bourdon, à l’aide d’un crochet placé entre les deux pommeaux.

La Croix de Saint-Jacques : 

La croix de Saint-Jacques (Cruz de Santiago en espagnol) est un élément central du pèlerinage, représentant la foi chrétienne et l'objectif spirituel des marcheurs. Cette croix se distingue par ses bras évasés et ses extrémités en forme de fleur de lys. Elle était souvent portée comme insigne ou brodée sur les vêtements des pèlerins pour signifier leur engagement religieux.

Au moyen âge, les pèlerins parcourant sur le chemin de Compostelle apportaient avec eux vers la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle diverses pâtisseries. 
C'est seulement depuis le début du xxe siècle, que la croix est utilisée comme élément décoratif sur la tarte aux amandes (Tarta de Santiago). 

L’azabache :

Beaucoup moins connu, l’azabache était un petit objet de piété (médaillon, statuette, amulette…) représentant Saint Jacques. Il était taillé dans le jais (azabache en espagnol, jet en anglais) provenant des mines des Asturies et de Léon.

C'est une pierre noire (une variété de lignite), semi-précieuse, très combustible qui se travaille et se poli facilement. L’azabache fut une spécialité de Compostelle jusqu’au 17ème siècle. On la vendait Place de Azabacharia.

La Philosophie du Voyage Pèlerin

Le sens profond du pèlerinage

Le pèlerinage de Compostelle dépasse la simple démarche religieuse ; il constitue une quête personnelle et spirituelle pour les marcheurs. Les pèlerins entreprennent ce voyage pour se rapprocher de Dieu, expier leurs péchés ou demander des grâces particulières. Le périple est également l'occasion d'une introspection profonde et d'une transformation intérieure.

La portée philosophique du voyage

Le voyage vers Compostelle peut être perçu comme une métaphore de la vie humaine, avec ses défis, ses rencontres et ses étapes initiatiques. Les pèlerins apprennent à surmonter les difficultés, à s'entraider et à partager leurs expériences tout au long du chemin. Cette dimension philosophique contribue grandement à l'attrait universel du pèlerinage.

Le pèlerinage comme métaphore de la vie

Enfin, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle invite chacun à réfléchir sur sa propre existence et à chercher un sens plus profond à la vie. Les symboles du pèlerin – le bourdon, la coquille, la citrouille et la croix de Saint-Jacques – représentent autant d'étapes et d'épreuves que nous traversons dans notre parcours personnel.

Pour conclure, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle demeure une expérience fascinante qui allie histoire, spiritualité et quête personnelle. Les attributs emblématiques du pèlerin sont autant de témoignages vivants de cette aventure humaine unique qui continue d'attirer chaque année des milliers de marcheurs sur les chemins de Compostelle.


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