La journée type d'un pèlerin en route vers Compostelle

Du lever au coucher je vous emmène avec moi pour une journée de randonnée sur le chemin de Compostelle

Temps de lecture : 05:50 mn

La journée type d'un pèlerin en route vers St-Jacques-de-Compostelle
Autant vous le dire tout de suite, il n'y a pas de journée type sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Pour ceux, qui vont vivre cette expérience pour la première fois, il y a parfois beaucoup d'inquiétudes, d'appréhensions à se lancer dans un tel périple avec toutes les inconnues qui vont avec. L'objectif de cet article n’est donc pas de vouloir absolument représenter la façon de faire de chacun, mais plutôt de présenter comment peut se dérouler une journée. De toutes manières, il y a fort à parier, que rien ne se passera comme vous l'avez prévu ou imaginé. 
Au fil des kilomètres, en fonction de la météo, de votre forme physique ou d’une rencontre inopinée, votre programme journalier risque d'être quelque peu perturbé. Je vais donc tenter de vous raconter comment se déroule une journée typique sur un chemin en France. En Espagne, les rythmes de vie sont complètement différents et ne sont donc pas comparables. 
 
Pour ma part, j'aime bien partir assez tôt le matin. Suivant les saisons, le jour ne se lève pas à la même heure, j'adapte donc mon heure de départ, en fonction de ce critère. Comme je suis également un passionné de photographie, les heures les plus matinales (comme celles de la fin de journée) sont généralement propices aux belles lumières. 
Certains arrivent à partir le ventre vide mais en ce qui me concerne, c’est quasiment impossible. J’ai physiquement besoin d’apporter de l'énergie à mon corps pour pouvoir fournir l'effort nécessaire. 
J'adapte également mon heure de départ en fonction de la longueur de l'étape programmée mais aussi en fonction de la météo. Je me fixe un objectif raisonnable à atteindre, avec éventuellement des solutions alternatives, si je pète le feu ou si au contraire je me traîne comme un escargot.
Même si la pluie du matin n'arrête pas le pèlerin, s'il pleut comme vache qui pisse, j'attends une éventuelle éclaircie pour pouvoir démarrer. De la même façon, si la journée s'annonce très chaude, j'ai tendance à partir un peu plus tôt. 
 
Généralement après avoir déjeuné et fait quelques étirements, j'essaie de partir aux alentours de 7h30 ou 8h au plus tard. Certains pèlerins partent encore plus tôt, d’autres aussi, beaucoup plus tard.
Je marche une moyenne de 25 à 30 km par jour, voire un peu plus, ce qui me donne des étapes d'environ 6 à 8 heures de marche. 
En partant à 8h j'essaie d'arriver aux alentours de 15/16h au plus tard. Le matin avant de partir je me suis donné un objectif à atteindre pour la mi-journée. C'est une manière idéale de jalonner le parcours et d’évaluer si je suis dans les temps ou si au contraire, je suis en retard.
Mon rythme de marche est proportionnel à la température ambiante. S’il fait très chaud, le corps souffre et a besoin de beaucoup d'énergie pour pouvoir avancer. Bien entendu je fais également attention aux points de ravitaillement en eau…  Pour être sûr de ne pas me retrouver avec la langue pendue jusqu'au sol (ce qui rend la marche nettement plus compliquée). Les premières heures je n'avance pas toujours très vite car je m'arrête souvent pour prendre des clichés.
 
Aux alentours de midi mon estomac commence à se manifester, il est temps de faire une pose pour manger. 
Pour le repas de midi, j'ai deux options, soit m'arrêter dans un petit resto et mettre les pieds sous la table, soit faire quelques achats pour me restaurer.  
Le midi je ne mange pas beaucoup, essentiellement des fruits et des crudités mais j'essaie de ne pas trop charger l'estomac car sinon c’est la punition directe au redémarrage. Croyez-moi, j'ai déjà fait l'expérience de faire un bon repas le midi mais ensuite, face aux premières difficultés je l’ai très vite regretté. Il vaut mieux marcher le ventre léger.

Généralement je fais les deux tiers de l'étape le matin et je finis tranquillement dans l'après-midi. S’il fait vraiment très chaud, j'essaie de trouver un endroit ombragé bercé par une petite brise, ou rafraîchi par un petit ruisseau et je me pose une heure ou deux le temps de laisser passer les plus fortes chaleurs.
 
J'aime bien arriver de bonne heure à l'étape, prendre une bonne douche relaxante et éventuellement, soigner les petits bobos . Comme je marche avec relativement peu de vêtements,  je dois rapidement faire une petite lessive. Une fois mon linge du jour mis à sécher, je m'accorde un moment de repos, parfois mais pas toujours je fais quelques étirements ( oui, oui...je sais, je devrais le faire systématiquement). 
 
Délesté de mon sac à dos je pars explorer les environs et éventuellement faire quelques achats s'il n'y a pas de demi-pension ou si je préfère être en autonomie pour mon repas du soir. Les soirées sont souvent à l'image du type d'hébergement qui vous accueille. Vous n'aurez pas la même ambiance dans un gite, une chambre d'hôtes ou un hôtel.
Il arrive aussi que l'on fasse de belles rencontres et que l'on décide ensemble de faire un pot commun et de cuisiner à plusieurs notre repas du soir. Parfois l'hôte chez qui on s'est arrêté à besoin un petit coup de pouce pour aider la préparation du souper. Généralement vers 18h tous les pèlerins sont arrivés et en attendant de faire ripaille c'est un moment propice aux échanges, au partage d’expériences ou bien à l'apéro. En France, le repas du soir est aux alentours de 19/20 heures ce qui surprend nos amis québécois, habitués à manger bien plus tôt. Après le repas, il y a parfois la corvée de vaisselle, mais à plusieurs, cela va généralement très vite. Avant que l’humidité de la soirée ne retombe, je profite de ce moment pour récupérer mon linge sec. 
 
En été  s’il fait super chaud et que le ciel est étoilé, l’envie d'aller se coucher n'est pas toujours là. Alors on discute, on observe la galaxie, on refait le monde... mais aux alentours de 22h, je rejoins ma chambrée. Je me masse les pieds avec une pommade spécifique, prépare mon sac pour le lendemain et jette un œil sur le topoguide. Au sein de la chambrée, tout le monde se prépare à l'extinction des feux, c'est un moment toujours particulier, où les discussions parfois plus intimes, plus personnelles permettent de se découvrir un plus. 
Une fois les lumières éteintes, si aucun pèlerin ne se lance dans des polyphonies jacquaires (nom plus poétique donné aux salves de ronflements), je rejoins très vite les bras de Morphée. Dans le cas contraire,  je ronge mon frein en espérant pouvoir trouver rapidement un créneau pour pouvoir m'endormir (j’ai du mal avec les boules quiès). 
 
Le lendemain est semblable aux jours précédents mais aussi aux suivants. Il y a de fortes probabilités que vous retrouviez vos compagnons d'un soir à une des étapes suivantes. Tout le monde se suit plus ou moins, la seule chose qui change vraiment, c’est que tous les jours vous rapprochez un peu plus de votre objectif final.
 

Commentaires

Isabelle

Merci pour le partage

25 février 2023 - 17 h 30

AnnieAroua

Merci pour le partage de vos chemins, les conseils et les explications pour mieux cheminer.....

14 avril 2023 - 08 h 13

Benoît

Intéressant cette description.
Merci

12 novembre 2024 - 17 h 59