
L'arrivée à la cathédrale de Santiago
Article final de mon aventure de 2000 km
Publié le 22 mai 2022 :: Temps de lecture : 03:20 mn

Au matin du jeudi 15 juillet, j’arrive à la Cathédrale de Santiago de Compostelle après 96 jours de pèlerinage. J’ai désormais une place réservée au paradis. Enfin, en tant que païen, je risque de ne pas être convié mais j’aurai au moins ma Compostela comme argument à l’entrée. Mon parcours de 1837 kilomètres a été sinueux, j’ai dû emprunter huit caminos différents pour arriver jusqu’ici. Cela m’a permis de traverser de nombreux écosystèmes, allant des plateaux glacials du Massif central jusqu’à la cordillère cantabriques en passant par le littoral Atlantique. Au total, j’ai rencontré 156 espèces d’oiseaux, 15 espèces d’amphibiens, 15 espèces de reptiles et 23 espèces de mammifères pour environ 5000 données naturalistes transmises aux bases de données départementales françaises. J’imagine être le premier pèlerin depuis le XVème siècle à avoir croisé un ours durant mon pèlerinage.
Au pied de la cathédrale, je me remémore les nombreuses rencontres, parfois loufoques, faites sur le parcours : mon ami catholique rencontré dans l’Aubrac dont j’ai ramené le médaillon jusqu’ici comme promis, une grand-mère aveyronnaise et ses chiens empaillés qui m’avait invité à boire un café, un chaman dans les bois de Haute-Loire, et bien-sûr, les habitants du hameau en Asturies.
Je me rappelle aussi de mes bivouacs, dont les premiers où ma tente finissait totalement givrée par les températures négatives d’avril. Je devais me lever avant les premiers rayons du soleil pour ne pas que la condensation gelée au plafond ne me fonde dessus. Je me souviens des nuits dans les bocages du Sud-ouest de la France bercé par les chants des Grenouilles vertes, de l’Engoulevent d’Europe, de la Chouette hulotte et de l’Effraie des clochers. J'ai aussi en souvenir les magnifiques couchers de soleil printaniers dans les Pyrénées basques, de ma première semaine sur le littoral espagnol où mes soirées ont toutes été plus agitées les unes que les autres. Enfin, je me souviens de tous les parvis d’églises qui m'ont abrité de la pluie le temps d'une soirée dans les monts cantabriques.
Après deux jours de répit à Santiago où j’ai pu profiter de la ville et de son ambiance médiévale, je pars en direction de Finistera. Non pas pour y brûler mes vêtements, qui de toute manière ont tellement été humides qu’ils ne pourraient jamais prendre feu. Et puis, il faut dire que mon tee-shirt est déjà en train de se décomposer de lui-même. Le destin a fait que j’arrive dans ce village de l’extrême Ouest de l’Europe pour le 100ème jour après mon départ. Ma tente postée sur une corniche surplombant l’océan, je me dis que cette marche aura dépassée toutes mes attentes. J’aurais fait face à tout type de situation, su adapter mon itinéraire pour faire un maximum d’observations naturalistes, et surtout, j’ai beaucoup progressé dans la compréhension des espèces et des écosystèmes.
Initialement, j’avais prévu de rejoindre le détroit de Gibraltar mais il me faut rentrer pour intégrer l’université de Montpellier et finaliser ma formation de naturaliste. Je me rappelle y avoir postulé durant le pèlerinage, à la médiathèque d’Aire-sur-Adour qui m’avait gentiment laissée utiliser leur ordinateur malgré mon état boueux ce jour-là. Je suis triste de devoir en rester là. Je décide quand même de rentrer au Puy-en-Velais, là où tout a commencé. Ensuite, je rentrerai chez moi dans la vallée du Rhône à pied, comme un pèlerin. L’idée qu’on vienne me chercher dans une gare routière après une aventure pareille me terrifiait. C’était préférable pour le moral d’effectuer 150 derniers kilomètres et ainsi passer la barre des 2000 kilomètres à pied.
FIN
Merci de m’avoir lu, j’espère que ces petits articles vous auront plu. J’ai essayé de retranscrire le plus fidèlement mon expérience sans être trop barbant. Je ne peux que conseiller de partir sur les voies de pèlerinage, on y trouve tout ce que l’on recherche.
Commentaires
Bravo !
Je repars cet été sur le chemin, mais St Jaques de Compostelle est encore très loin, chaque année un petit bout ...La cathédrale a l'air grandiose, ça fait rêver
10 juin 2022 - 17 h 54
Bonjour Martin,
Le nom me dit quelque chose, étant né en Ardèche et du côté du Crestet 07 ou résidait ma grand-mère, il y avait des Costechareyre.
Nous pouvons être des cousins lointains, avec tes parents et grands parents..
Je connais bien Vienne, une ville chargée d'histoire et justement le sacrifice des templiers sera pris dans la cathédrale Saint-Maurice.
On passe devant une maison templière en Espagne, aujourd'hui devenue un Albergue dans un petit village, que je me devais de faire tamponner le où la Credencial.
Le dimanche 28 mai 2023,. jour de la Pentecôte, je partais pour Compostella de la Loire un village perché sur le GR 765, que j'entretiens depuis pour les Camino.
Je suis arrivé à Santiago le 10 juillet 2023, j'ai fait le parcours en 42 jours depuis le Puy-en-Velay GR 65 (la voie : Via Podiensis) et 43 jours depuis mon village situé à 70 km à l'ouest. J'ai réalisé mon parcours en 6 semaines, avec un sac hyper chargé vu que je dormais en toile de tente, hormis 1 jour pour un hôtel à Léon et j'ai apprécié la douche après 8 jours sous la chaleur.
Sur les 21 voir 22 jours, j'ai eux beaucoup de pluie et des orages violents en France.
J'ai dormis dans la montée des Pyrénées après 10 km, Saint Jean Pieds de Port. La météo s'améliore après 15h et à 16h, je me lance dans les 18 km de montée.
Tout les jours le réveil, mon tél sonne à 4h00, à 5h00 généralement, je pars avec la frontale et jusqu'à 18h voir 19h le soir.
Je m'accorde des temps de pauses pour faire sécher la toile de tente et reprendre des forces sur les chemins en se restaurant dès que possible.
Mon sac pèse au départ 24 kg et je me suis libéré de 6 kg en 3 colis retour pour alléger le sac.
J'ai eux des blessures en chemin, même un passage au urgence à Condom, mais j'ai jamais arrêter de marcher tout les jours.
Je suis arrivé dans un épuisement totale à Santiago, avec une cheville gauche qui avait enfler.
Bravo pour votre parcours Martin, je reste toujours admiratif devant le courage des marcheurs, des randonneurs.
Alors chapeau, rare de voir des jeunes avec beaucoup de déterminations.
Il y en a quand même, il faut du mental et ne pas s'écouter.
Avec parfois des conditions météos extrêmement difficiles et une visibilitée très réduite en montagne, surtout sur les crêtes en haute altitude.
En mai 2024, je vais me lancer sur le Camino depuis Bordeaux, Bayonne sur le Del Norté, la voie de l'océan, par l'Irun, jusqu'à Oviedo, jusqu'à Santiago et l'océan jusqu'à Finistera.
Un autre périple dans des conditions certainement difficile et découvrir de très beau paysages.
Merci au site pour transmissions.
Cordialement et bravo aux Pèlerins 👍🙏
22 octobre 2023 - 11 h 29