
Avant le départ
Itinéraire d'un apprenti naturaliste
Publié le 07 septembre 2021 :: Temps de lecture : 02:50 mn

Lors de l’hiver 2021, je suis un jeune employé d’une chaîne de grande distribution dans laquelle je m’acharne à remplir les rayons de condiments qui sont instantanément dévalisés par les clients sentant la menace d’un troisième confinement arrivé. Entre ces quatre mûrs métalliques et sous les néons blancs, une idée germe dans ma tête : effectuer les 2000 km qui me séparent du tombeau de Saint-Jacques de Compostelle, en autonomie totale.
Ayant eu une formation de naturaliste et étant passionné par la vie sauvage, je m’imagine, entre la mise en place de deux pots de cornichons, réaliser ce pèlerinage dans la même optique qu’un célèbre naturaliste du XIXème siècle : Charles Darwin. Ce dernier étant partie sur un bateau à l’âge de 22 ans afin de répertorier un maximum d’espèces du monde entier.
Petit à petit, la fin de l’hiver se précise avec le retour des températures douces et l’explosion de la vie qui s'ensuit. Il faut savoir que pour un naturaliste, c’est la meilleure période de l’année car de nombreuses espèces sont en activité (retour des oiseaux estivants, sortie d’hibernation des reptiles, début de la saison des amours chez les amphibiens, etc.) Etre 24h/24 dans la nature à cette période me garantissait une progression non négligeable dans tous les taxons.
L’envie de prendre le chemin se faisait de plus en plus ressentir quand soudain, une allocution du président renvoie tout le monde en confinement. J’y ai vu là une formidable opportunité pour commencer ce qui sera mon « pèlerinage naturaliste ». Etre seul sur le chemin garantissait des observations impossibles lorsqu’il y a des wagons de pèlerins devant moi.
J’ai alors fixé les objectifs de mon pèlerinage : Répertorier de manière non exhaustive les vertébrés des différents départements traversés - Transférer ces informations aux bases de données départementales (FauneFrance) via l’application Naturalist – Progresser en ornithologie (détermination des oiseaux à vue / détermination au contact auditif) – Prendre des photos des espèces rencontrées – Partager sur Instagram cette aventure afin de promouvoir la biodiversité locale souvent sous-estimée par le grand public.
Pour répondre à ces objectifs, j’ai dû emporter du matériel naturaliste qui ont été les éléments les plus lourds qui composaient mon sac de 16 kg. L’objet qui m’a été le plus utile lors de ce voyage (que je conseil à tout pèlerin) sont les jumelles. En effet, je n’aurais pas pu voir la moitié de ce que j’ai vu sans elles. Concernant la photographie, j’ai traîné mon téléobjectif et le boîtier réflex qui l’accompagne au prix d’une augmentation du poids de mon sac de + 4kg. Le téléphone m’a permis de transférer les 3485 observations animales aux bases de données départementales françaises. Mais aussi, être en contact régulier avec deux naturalistes chevronnés avec qui j’ai pu discuter lorsque j’avais des doutes sur l’identification d’une espèce.
Je n’ai pas entamé une préparation physique étant donné que le chemin ne présente pas de difficulté particulière. La difficulté variant seulement selon le nombre de kilomètres que l’on choisit de parcourir chaque jour. Seulement, je m’étais préparé mentalement à une aventure rude étant donné que tous les jours, j’allais marcher et dormir dehors, seul, parfois sous des températures fraîches (-10°c la nuit dans l’Aubrac).
Le 11 avril 2021, j’entame alors ce chemin millénaire afin d’apporter des éléments autour d’une problématique contemporaine : lutter contre l’érosion de la biodiversité en participant à une meilleure connaissance de celle-ci.
Commentaires
C'est très agréable à lire, ça donne envie de connaître la suite de l'aventure, hâte...✍️🥾
09 octobre 2021 - 09 h 41