
Le Puy-en-Velay/Cajarc (octobre 2021)
13 jours dont 7 jours sur le chemin avec ma fille Meije
Publié le 16 décembre 2021 :: Temps de lecture : 08:50 mn

Mi-septembre ma fille m'appelle : Papa, si on allait marcher sur le Chemin de Compostelle ?
En voilà une idée ! Et pourquoi pas ! Il y longtemps que je n'ai chaussé mes grosses "pompes".
Elle a une vingtaine de jours de vacances. Le départ sera du Puy le 3 octobre 2021.
C'était une grande rando prévue au départ.... qui au bout de quelques jours est devenu un pélérinage à notre manière.
Si je suis baptisé et que je me suis marié à l'église, je ne suis pas croyant et pourtant.
Le long du chemin vous avez le temps de réflechir sur les choses fondamentales et secondaires.
Pourquoi Cléophas ? parce que c'est mon troisième prénom et celui de mon grand-père que je n'ai pas connu.
Rendez vous pris le samedi 2 au Puy. Elle arrive de Lyon par train, je descends du Loiret par Blablacar et départ le 3 après la messe du matin.
C'est au Grand Séminaire du Puy que nous passerons la première nuit.
Nous voulions assister à la messe et bénédiction des pélerins avant de partir. Moment crucial et important.
C'est magique de voir les portes s'ouvrir pour accéder au départ....
Bien évidement on commence le chemin pour une belle montée avec les autres pélerins. Ce sera une journée grise avec vent violent sur les hauteurs du Puy et deux heures de pluie intense en arrivant à Saint Privat d'Allier....
Les chaussures mouillées ne sécheront pas la nuit au coin du feu ce qui nous occasionnera quelques soucis d'ampoules les jours suivants.
L'ampoule de Meije est percée le soir même et un Compeed posé. Cela ira jusqu'au bout mais la mienne sur le petit doigt de pied est compliquée car impossible de mettre un Compeed tout autour.
C'est bien cela qui va me causer des tracas tout au long du chemin.
La deuxième étape nous permet de rejoindrons Saugues toujours sous un temps quelque peu gris et hésitant
Départ de Saugues alors que le soleil n'est pas encore levé mais lorsque le soleil apparait, le paysage est grandiose
Dans les bois aux alentours du Sauvage...
Il ne reste que ... 1475km à la hauteur de la Domerie Aubrac
Aumont Aubrac, Nasbinals, nous cheminons avec nos ampoules et la mienne me rappelle toujours à l'ordre.
La météo reste clémente en ce mois d'octobre faisant de ce chemin un pur bonheur.
Les km défilent et s'enchainent avec quelques 25 voir 32km jour.
Saint-Chely-d'Aubrac et déja Saint-Come-d'Olt pointe à l'horizon.
Nous coucherons au Couvent de Malet.
Au couvent, j'aurai une discussion "fondamentale" avec Soeur Brigitte.
J'ai quelques soucis avec l'alcool et elle m'a apporté des "clefs" pour essayer de m'en sortir.
Dans la foulée Meije demande à faire une photo avec Soeur Brigitte.
Soeur Brigitte demande à Soeur Françoise de faire la photo avec mon Iphone.
Soeur Françoise n'a jamais fait de photos d'autant plus avec un smartphone.
J'entends Soeur Françoise dire :
- Oh, c'est ou qu'on regarde ?
- C'est normal que je voie les pieds ?
- Ca y est c'est bon .. oh c'est bien !
Je m'attends au pire : floue, mal cadrée etc....
Le résultat est ...... impresionnant !
Soeur Brigitte en voyant la photo me dit : "Vous voyez Gilles, c'est un signe !!!!!"
Je n'ai à ce jour pas retouché à une goutte d'alcool, même pas une bière .
Quelqu'un aurait il guidé le doigt de Soeur Françoise qui faire une photo aussi bien cadrée avec l'auréole sur ma tête ?
A ce jour je m'intérroge encore car il y a juste avant cette photo, une première réalisée en mode video de 4 secondes ou l'on nous voit se mettre en place pour la seconde prise de vue.
Cette photo a fait le tour des groupes FB et plusieurs jours après sur le chemin on m'a dit : ce n'est pas vous le monsieur de la photo ? :-)
Meije repartira le 10 octobre par la Malle Postale afin de reprendre un train au Puy pour Lyon et le travail qui l'attend.
Nous aurons parcourus ensemble en 7 jours, 120km, quelques ampoules, une douleur à la hanche pour Meije.
Je continue tout seul le chemin, direction Espalion.
La douleur au petit orteil est soutenue. La pharmacienne d'Espalion me conseille un produit qui devrait sécher l'ampoule bien que le doigt de pied commence à saigner suite à une crevasse.
Je décide de rester une journée de repos afin de laisser sécher cette ampoule et le gîte étant au dessus du magasin de sports, j'achete des sandales qui vont me permettre de continuer sans trop souffrir.
A vrai dire, ces sandales Keen sont assez execptionelles sur le chemin. Souples avec une semelle large mon doigt de pied n'est pas comprimé.
La semelle avec une belle accroche est assez large et limite la torsion de la cheville lors des passages délicats. Il est possible de régler le serrage en fonction des montées ou descentes, bref, je repars confiant. Pour l'hiver, il va de soi qu'il va être compliqué de marcher avec des sandales ouvertes à cause du froid et de la pluie.
C'est donc reparti et la prochaine nuit sera à Espeyrac. Le gîte que j'avais réservé ne peux me recevoir en arrivant. Mince ! la personne m'oriente vers le gîte d'étape du village flambant neuf. Parfait et franchement nickel. Mon pied me fait toujours plus ou moins mal.....
Conques, reste un moment inoubliable. Déjà la descente vers le village est impressionnante mais l'Abbatiale à l'arrivée vous.... wouhaou !!!
Le village est magnifique mais l'Abbaye à elle seule mérite une page entière dédiée tellement l'émotion vous gagne que vous soyez croyant ou pas.
Ecouter du Johnny Halliday, Procol Harum ou Bachelet (les corons) joué à l'orgue le soir par Frère Jean-Daniel est une émotion qui vous tire la larme.
C'est d'ailleurs ce même Frère Jean-Daniel qui vous conte avec humour l'histoire du tympan au dessus de l'entrée.
Le lendemain, départ par le fameux pont des pélérins. Moi qui adore les chiffres et statistiques, je serais curieux de connaitre le nombre de pélérins qui ont emprunté ce pont depuis sa création ! S'en suit une montée d'anthologie. J'ai quelque peu triché. :-)
Dans la montée, le chemin croise une route. N'ayant pas vu la balise sur le chemin de l'autre coté de la route, j'emprunte cette route par la gauche. Tiens, après quelques 100m, plus de balises ! Je reprends mon Iphone et Maps 3D Pro ou le tracé est enregistré au format GPX. Je ne suis plus sur le bon chemin. Tant pis, je continue la route à travers les chaitaigniers. Pas une seule voiture en quelques km, le calme plat et la pente douce avant de retrouver le chemin plus haut.
Après la montée terrible à la sortie de Décazeville, je dors à Livinhac-Le-Haut.
En repartant le Lot offre de sublimes paysages avec la brume.
Figeac, prochain arrêt. Difficile de trouver un gîte. Une place reste au "Le Soleiho". La propriétaire devait être adjudant-chef dans une vie antérieure.
C'est une pête-sec et ne mâche pas ses mots concernant les économies d'EDF et d'eau. Les pélerins en prennent pour leurs grades.
Figeac est une superbe ville ou il fait bon flâner dans ces ruelles mais mon pied m'inquiète.
J'ai de plus en plus mal.
Je décide quand même de continuer malgré les conseils d'arrêter que m'envoyent mes contacts et amis.
En fait, lorsque je marche je sens moins la douleur, c'est lorsque je m'arrête que j'ai horriblement mal donc je marche !
Je souhaite au moins rejoindre Cahors ou il me sera plus facile de rentrer dans le Loiret.
Aurélien que j'ai rencontré sur le chemin et que je crois et recroise tout au long de ces derniers jours me donne des antibiotiques afin de limiter l'infection du petit doigt de pied. Je repars, il me reste 90 km pour Cahors. 3 étapes c'est largement possible d'autant plus que j'ai trouvé ou dormir.
Prochaine étape Cajarc, 32 km. Je marche, ne m'arrête presque pas tellement j'ai mal. On se recroise avec Aurélien tout au long de la journée, on papotte, on se sépare, se retrouve pour enfin arriver ensemble. Il héberge ailleurs, moi au gîte d'étape plein centre de Cajarc.
Il fini par venir au gîte ne trouvant pas le sien bien plus cher d'ailleurs. C'est alors que Jenny arrive totu feux tout flamme. Elle marche depuis le 4 octobre. On s'était déja croisé quelques jours avant. Elle veux aller au bout ! Elle y arrivera le 18 décembre malgré la neige, le froid et la pluie. Une belle force de caractère cette femme là !
Ensemble avec Jenny Aurélien et un autre pélerin nous irons se faire un petit resto chez Moulinot.... à l'effigie de Coluche qui avait mis Cajarc en avant avec son sketch "Le schmilblick". Un moment génial de partage entre pélerins.
Avec Aurélien, mon "sauveur"
Ma décision était déja prise dans la journée. Je dors là ce soir, demain je rentre avec la Malle Postale à Figeac ou j'ai trouvé un blablacar qui m'amennera à quelques 30km de la maison ou ma compagne viendra me rechercher.
Les antibiotiques que m'a donné Aurélien ont fait leurs effets, l'infection est partie et j'irais voir un spécialiste qui fera le nécessaire afin que mon petit orteil retrouve sa forme.
Je suis rentré le 18 octobre à la maison. Aujourd'hui, 22 décembre, tout est rentré dans l'ordre. J'ai préparé un nouveau départ qui est programmé début février depuis Cahors. Nouveau sac à dos légèrement plus gros, nouvelles chaussures, liste des gîtes ouverts en hiver etc.....
Cette fois çi, j'espère bien rejoindre Santiago et Fisterra !!
Ah, petite précision, je n'ai toujours pas bu une goutte d'alcool. Le chemin est merveilleux !
Commentaires
Très belle histoire, merci de partager vos souvenirs de ce chemin si particulier, qu'est le chemin de Compostelle 🎒🥾
19 décembre 2021 - 11 h 39
Bonjour Gilles,
Meige,étant donné votre passion pour la montagne,je pense que ce choix de prénom n est pas innocent....😂 Comme vous j ai beaucoup fréquente les Écrins, aujourd'hui finit les acrobaties tous comme vous, je fais le chemin,redepart cette année de Moissac pour SJPP...je vous souhaite le meilleur sur votre chemin....amitiés Compostellanes....Lionel....🥾🥾👣👣♥️♥️
21 avril 2022 - 14 h 29